mardi 28 novembre 2006

Destruction d'idole

Leonard Nimoy s'amuse à démolir son image.

On va se passer de titre

« Nous ne pouvons ni manger huit heures par jour, ni boire huit heures par jour, ni faire l'amour huit heures par jour. Tout ce que nous pouvons faire huit heures par jour, c'est travailler; et c'est pour cela que l'homme se rend et rend ses semblables si malheureux. » (William Faulkner)

dimanche 19 novembre 2006

Cette image est absolument incroyable. Niniima a l'air de Charlie de "Où est charlie" croisé avec le fils de Satan.

Je vous laisse vous délecter devant les possibilités métaphoriques, surtout lorsqu'on connait le futur de Yanni Niniima avec les Canadiens (oui je sais, c'est Janne)...

Note: Cette image est tout à fait réelle, aucun trucage.

Encore une fois, incroyable, j'en ai des frissons.

mercredi 15 novembre 2006

Monsieur Muffler, conscience sociale et Boeing Bleu De Mer

Depuis maintenant un quinzaine de lunes, je me promène majoritairement dans la froidure des rues montréalaises de la même façon que nos lointains ancêtres de la savane africaine filaient le gibier et se sauvaient comme des pleutres au moindre bruit suspect. À pied. Avec des souliers cependant, à la différence de nos hirsutes et peu loquaces aïeux. Et aussi à quelques autres différences prêt, quoiqu'en dise Horloge Biologique.

Mais bon, ce n'est pas du tout de ça que je voulais parler. Revenons à nos Mufflers.

Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Il y a deux semaines donc, je voguais allégrement, porté par une franche brise sur la 40 ouest dans ma semi-carcasse bleue poudre, pied au plancher, musique dans le tapis et sourire dans le vent. Bon, mettons. En tout cas. Vif comme l'éclair, tel Alexander Ovechkin devant Patrice Brisebois et Gino Odjick, je contourne une Ferrari, une Lotus et je prends la longue et langoureuse sortie vers le Ikea, oui celui dans l'ouessst, là. Je me rendais dans le temple des meubles pas chers à monter soi-même dans l'intention non pas de transformer mon appartement en catalogue, mais bien de me procurer une table pour manger, et des chaises, pour manger aussi. (Je mange des meubles, vous voyez).

Tout à coup, par-dessus la guitare tranchante et décidée d'un quelconque groupe indie rock à la mode qui s'escrimait à défoncer mes haut-parleurs fatigués, mes pauvres tympans sont agressés, assaillis, horripilés par le son de plus en plus insistant d'un MUFFLER PÉTÉ. Vous savez, le genre de son qui vous fait frapper à répétition le volant (qui ne vous a pourtant rien fait et qui entretenait même une conversation brillante et des manières léchées jusque là) et à vociférer plusieurs éléments du vocabulaire ecclésiastique. Fort. En bavant un peu.

Retour à la maison, donc. Plus question de dépenser un chèque de paie au complet sur une table, aussi rectangulaire et en bois pressé soit-elle. Plus tard, après être passé par pas un, mais deux valeureux représentants de la chaîne Monsieur Muffler fermés la fin de semaine, je stationne mon épave et m'en retourne dans mes quartiers, l'air dépité.

Lundi matin, courageusement et ne reculant devant rien, je prend un paquet de choses à deux mains (pas juste mon courage, donc) et je me rend au Monsieur Silencieux le plus proche. Le sympathique motoriste moustachu qui m'y accueille me rend le pronostic, après scrutation des blessures et examen des éraflures: 500$. Je retiens l'impulsion soudaine de l'assommer avec mon gourdin, qui reste sagement dans mon froc.

Deux semaines plus tard, mon compte de banque n'est toujours pas débité de 500$, et mon Grand Boeing Bleu de Mer un peu rouillé est toujours immobilisé dans une cour, se préparant mentalement à y passer l'hiver, seul, rejeté, mais serein.

Et moi, à ma grande surprise, je ne m'en ennuie pas du tout. Je me promène en ville dans l'autre Grand Boeing Bleu de Mer à plusieurs wagons, où les températures tropicales inexplicables au mois de janvier et les regards langoureux de parfaites inconnues en sont le pain quotidien (bon mettons pour la première partie, la seconde, je l'ai peut-être imaginée). Je me procure ma pitance et mes provisions non pas au supermarché impersonnel avec stationnement, mais bien à la petite épicerie bio sympathique grano-Villeray-plateau-21e siècle du coin. Je marche, je profite de l'air pas si pur mais si pire de notre métropole mêlée, je relaxe, donc.

Et je me rappelle cet été, l'aiguille de mon radiateur dans le rouge, l'essence aussi dans le rouge mais de l'autre côté, moi en retard au travail, du café renversé sur ma chemise blanche, du stress, du bruit, des klaxons, des travaux. Et je souris. Je ne regarde presque plus le prix de l'essence lorsque je passe devant une station-service, habitude séculaire du conducteur moderne.

J'ai même l'impression d'avoir fait un pas de plus pour m'éloigner de l'ancêtre poilu dont je parlais plus tôt. L'évolution, sans monoxyde de carbone.

Muller et Carbo nous montrent la nouvelle collection automnale de Hart

Comme vous pouvez le constater sur ce langoureux cliché, les destinées des glorieux habitants du Centre Bell sont entre de bonnes mains.

lundi 13 novembre 2006

Stranger than fiction ou l'Attaque du high-concept post-moderne ou non je ne suis pas Charlie Kaufman

Le titre de cette chronique-critique-message aurait bien pu être "Mautadine de colaille, j'ai du chemin à faire Reynald".

Qu'on se le tienne pour dit, Stranger than fiction est un très bon film. Voilà pour la critique. Je ne peux malheureusement pas vous parler du générique du début et des deux premières minutes, parce que j'étais pris dans la file du kiosque à bouffe trop chère et victime de ma dépendance génétique au popcorn...

Même si la bande-annonce dévoile (malheureusement) presque tout le film, laissez-moi tenter de le résumer en quelques lignes maladroites. Harry Crick (Will Ferrell, oui oui Will Ferrell) est un employé de l'agence du revenu américaine, donc généralement pas trop apprécié de ses compatriotes sur la planète terre. Il vit, comme le veut la convention, une existence terne, réglée au quart de tour, où les chiffres et les mesures sont omniprésents (au sens propre, grâce à un petit gadget de mise en scène). Pour une raison évidemment obscure, sa montre décide de se rebeller contre sa vie digne d'un automate endormi, et, surtout, il commence un jour à entendre une voix, dans un accent british et avec pas mal plus de vocabulaire que lui, qui narre sa vie, comme la voix omnisciente du narrateur littéraire à propos de laquelle on a tous écrit des dissertations en secondaire 4.

Mettons que je vais arrêter là, regardez la bande-annonce pour avoir tout le reste.

Un espèce de tourbillon post-moderne de retour sur le créateur; Charlie Kaufman (hétéroclite scénariste de Adaptation, Being John Malkovich et Human Nature) sans les obsessions psychanalytiques. On assiste peut-être ici à la naissance d'un nouveau courant à Hollywood, ou de jeunes scénaristes ou cinéastes, élevés dans la ouate et l'abondance de la culture populaire disponible au bout du doigt, éduqués, érudits et ayant carburé aux satisfactions immédiates et aux accroches publicitaires et télévisuelles des années 80, détournent le high concept movie et l'adaptent à la sauce survoltée du 21e siècle. Peut-être un des effets du Sleeper Curve de Steven Johnson (Everything Bad is Good For You, livre très intéressant, je vais en parler dans une entrée prochaine), ce genre de récit surréaliste, sauté et complexe était impensble il y a 10 ans, lorsqu'on s'émerveillait devant les possiblités du numériques, des effets spéciaux et qu'on déclarait le triomphe final et définitif du blockbuster sans tête.

La responsabilité du créateur, l'humilité du créateur, l'importance donnée aux critiques et aux experts ("You have to die, it's her masterpiece"), les histoires d'amour improbables, le désir de vivre sa vie pleinement, le libre-arbitre, le destin, tous ces thèmes sont au centre du récit extrêmement original et bien pensé de Stranger than fiction.

Will Ferell, sans casser la baraque, prouve encore une fois ma théorie personnelle que les humoristes (ceux qui basent leur humour sur des personnages surtout) sont souvent des acteurs dramatiques naturels... Maggie Gyllenghal, tout en tatous et yeux bleus incroyables, démontre une fois de plus son flair pour les rôles substanciels qui utilisent à merveille ses talents. Dustin Hoffman, jouant un peu plus un "stock" character, est tout de même intéressant et drôle chaque fois qu'il est à l'écran, et Emma Thompson est très, très convaincante dans le rôle de l'auteure sur qui repose tout le poid moral de l'histoire. Dans un film plus classique, elle serait probablement la protagoniste, celle qui a à choisir et à agir sur le déroulement du récit.

Quelqu'un va devoir me dire si les larmes de Will Ferrell sont des vraies, en passant.

Quitte à pousser la comparaison plus loin, ce film, qui joue dans les mêmes eaux que Adaptation, réussit cependant mieux que ce dernier à humaniser l'histoire, à la "descendre" à notre niveau de pauvres spectateurs ou le réalisme magique et les narrateurs invisibles n'existent pas (en tout cas, jusqu'à preuve du contraire). Là ou Charlie Kaufman se perd souvent dans une rigidité trop fidèle à ses concepts pétés, et où il va souvent pour le "toujours plus weird, à tout prix", le scénario de Zach Helm (oui, je suis jaloux, c'est pour ça que je n'ai pas parlé de lui avant, mouahahahah!) réussit à dépasser la gimmick, pour que l'histoire prenne le dessus. En fait, le film complet aurait pu exister sans le concept de la narration, c'est d'ailleurs l'histoire que l'auteure elle-même raconte dans son roman, la tragédie de Harry Crick.

Zach Helm, maintenant. Né en 1975, c'est son premier scénario. Il y a eu une guerre entre les studios pour l'achat de ce spec script, et il a probablement pu se payer deux-trois voiliers et une dizaine de laveuses avec son cachet final. Il travaille présentement sur son premier long-métrage comme scénariste-réalisateur: Mr. Magorium's Wonder Emporium, ça promet.

Personnellement, et il s'agit ici d'une confidence, je me suis vaguement donné comme objectif personnel (à lonnnnng terme) d'écrire des histoires qui réussissaient à marier réalisme magique, culture populaire, monde moderne et fable philosophique. Je vais m'arrêter ici, je crois que vous comprenez. Je vais me retrousser les manches, un peu plus haut cette-fois ci.

En effet, Reynald, j'ai du chemin à faire.

Youtube : Match made in heaven

Or is it in geek heaven?

Sérieusement, si plusieurs avaient vaguement pensé aux rapprochements des rôles de Samuel L. Jackson dans ces deux univers, chapeau aux énergumènes qui ont perdu quelques heures de temps sur la planète pour monter ce petit bijou rapide.

(pour les pas-vites, cliquez sur le titre de ce message, vous allez être redirigés vers youtube, un petit site pas trop connu)

vendredi 10 novembre 2006

Wiki inutile du jour - Tu veux une patate?

"Dans le langage familier, « Tu veux une patate » désigne le fait que quelqu'un ait l'envie de donner un coup de poing à une autre personne."


Aaaaah que c'est beau la viiiiie!

Ma génération - part I

Ok, titre prétentieux. Disons que c'est ça.

Sujet important s'il en est un. Je vais avoir besoin de votre aide.

Comment pourrions-nous décrire notre génération? Comment nous démarquons-nous des générations précédentes (et suivantes)? Qu'a-t-on fait pour la première fois avec les enfants depuis la fin des années 70? Qu'est-ce qui nous caractérise? Est-il possible de réellement cibler, cerner ce qui fait la différence entre un jeune de 25 ans en 2006 et un jeune de 25 ans en 1975?

...
...
...

Je sais pas.

Je retourne écouter la TIVI.

Babel

Pour cette (futur légendaire) première entrée sur ce (futur légendaire) blogue inconnu, je vais y aller avec la famille et écrire quelques mots sur un film que j'ai vu hier soir au somptueux AMC Forum 22; Babel.

Comme vous le savez si vous lisez ceci, ce film est le troisième d'une "trilogie" sur les "relations humaines" par le cinéaste mexicain (et chouchou des critiques) Alejandro Gonzales Innaritu. J'avais bien aimé la nervosité et la fraîcheur d'Amorres Perros, et j'avais apprécié (un peu plus froidement) les acrobaties narratives et temporelles de 21 grams. Je me demandais aussi: si les images de ces films n'étaient pas aussi incroyablement belles (gracieuseté de Rodrigo Pietro), serait-on aussi enclin à parler de grandes oeuvres? Si la réalisation n'était pas aussi confiante, assurée et proche des interprètes, serait-on aussi rapides à décerner les accolades?

Car après tout, ces films restent des patentages de scénariste un brin alambiqués, quand on y pense. Un peu. Ce sont des histoires disparates, collées ensemble parce que le scénariste le veut, et pour aucune autre raison, outre un message ou un thème à "faire passer". Je sais, vous me direz que toutes les histoires fonctionnent de la sorte, mais il y en des plus (désolé d'utiliser ce buzzword épouvantable, mais j'ai égaré mon thesaurus) organiques. J'admire grandement le talent de cinéaste d'Innaritu. Ses images sont incroyables, il n'a pas son pareil pour réfléter les cultures du tiers-monde, il filme au niveau des gens. De plus, il a rajouté à son arsenal (depuis 21 grams), le fameux liberal guilt, bien présent dans la conscience collective hollywoodienne depuis Crash. C'est son choix de scénariste qui m'incommode.

Guillermo Arriaga n'a pas l'air de vouloir raconter d'histoires. Il a tout à fait le droit, et personne ne va l'envoyer à Guantanamo pour ça. Il est plutôt du genre à trouver un thème important et actuel, et à tisser de petites histoires très fabriquées autour. Le seul fil conducteur, dans ce genre de récit, est le thème, qui plus souvent qu'autrement est évident dès le début du film. Dans ce cas-ci, on le perçoit même dans le titre (Babel, référence bilibque à l'origine de l'impossibilité de communiquer pour ceux qui ont trop écouté Virginie et n'avaient pas compris). Je trouve que cette approche narrative, qui peut fonctionner admirablement dans un recueil de nouvelles, de poèmes ou même dans un roman, est plus difficilement défendable dans un film. Peut-être à cause de la durée, et du fait qu'on regarde toujours un film d'un coup, en "temps réel", plutôt que l'étaler sur plusieurs jours comme un roman. L'unité entre les histoires est peut-être plus transparente, les différents punches dramatiques des différentes histoires n'ont peut-être pas le temps de s'installer en nous. Remarquez, j'ai adoré Short Cuts et Magnolia a longtemps été mon film préféré, alors je ne suis peut-être pas tout à fait cohérent ici. Permettez-moi de terminer ce paragraphe.

Alors, quel est le problème? Les histoires indidivuelles ne sont peut-être tout simplement pas assez fouillées, trop schématiques, trop évidentes et mécaniques. Trop imbues de leur propre signification et de leur importance. Ah ah! Voilà.

Ce film vaut toutefois grandement la peine d'être vu, ne serait-ce que pour les images, les interprètes de qualité et... les images. Je ne peux même pas imaginer ce qu'une bombe de talent comme Innaritu pourrait faire avec un scénario comme Unforgiven, par exemple. Je viens d'avoir un flash, drette là. Innaritu qui fait un western moderne, orienté tiers-monde. Génial! Je m'y met à l'instant.