vendredi 10 novembre 2006

Babel

Pour cette (futur légendaire) première entrée sur ce (futur légendaire) blogue inconnu, je vais y aller avec la famille et écrire quelques mots sur un film que j'ai vu hier soir au somptueux AMC Forum 22; Babel.

Comme vous le savez si vous lisez ceci, ce film est le troisième d'une "trilogie" sur les "relations humaines" par le cinéaste mexicain (et chouchou des critiques) Alejandro Gonzales Innaritu. J'avais bien aimé la nervosité et la fraîcheur d'Amorres Perros, et j'avais apprécié (un peu plus froidement) les acrobaties narratives et temporelles de 21 grams. Je me demandais aussi: si les images de ces films n'étaient pas aussi incroyablement belles (gracieuseté de Rodrigo Pietro), serait-on aussi enclin à parler de grandes oeuvres? Si la réalisation n'était pas aussi confiante, assurée et proche des interprètes, serait-on aussi rapides à décerner les accolades?

Car après tout, ces films restent des patentages de scénariste un brin alambiqués, quand on y pense. Un peu. Ce sont des histoires disparates, collées ensemble parce que le scénariste le veut, et pour aucune autre raison, outre un message ou un thème à "faire passer". Je sais, vous me direz que toutes les histoires fonctionnent de la sorte, mais il y en des plus (désolé d'utiliser ce buzzword épouvantable, mais j'ai égaré mon thesaurus) organiques. J'admire grandement le talent de cinéaste d'Innaritu. Ses images sont incroyables, il n'a pas son pareil pour réfléter les cultures du tiers-monde, il filme au niveau des gens. De plus, il a rajouté à son arsenal (depuis 21 grams), le fameux liberal guilt, bien présent dans la conscience collective hollywoodienne depuis Crash. C'est son choix de scénariste qui m'incommode.

Guillermo Arriaga n'a pas l'air de vouloir raconter d'histoires. Il a tout à fait le droit, et personne ne va l'envoyer à Guantanamo pour ça. Il est plutôt du genre à trouver un thème important et actuel, et à tisser de petites histoires très fabriquées autour. Le seul fil conducteur, dans ce genre de récit, est le thème, qui plus souvent qu'autrement est évident dès le début du film. Dans ce cas-ci, on le perçoit même dans le titre (Babel, référence bilibque à l'origine de l'impossibilité de communiquer pour ceux qui ont trop écouté Virginie et n'avaient pas compris). Je trouve que cette approche narrative, qui peut fonctionner admirablement dans un recueil de nouvelles, de poèmes ou même dans un roman, est plus difficilement défendable dans un film. Peut-être à cause de la durée, et du fait qu'on regarde toujours un film d'un coup, en "temps réel", plutôt que l'étaler sur plusieurs jours comme un roman. L'unité entre les histoires est peut-être plus transparente, les différents punches dramatiques des différentes histoires n'ont peut-être pas le temps de s'installer en nous. Remarquez, j'ai adoré Short Cuts et Magnolia a longtemps été mon film préféré, alors je ne suis peut-être pas tout à fait cohérent ici. Permettez-moi de terminer ce paragraphe.

Alors, quel est le problème? Les histoires indidivuelles ne sont peut-être tout simplement pas assez fouillées, trop schématiques, trop évidentes et mécaniques. Trop imbues de leur propre signification et de leur importance. Ah ah! Voilà.

Ce film vaut toutefois grandement la peine d'être vu, ne serait-ce que pour les images, les interprètes de qualité et... les images. Je ne peux même pas imaginer ce qu'une bombe de talent comme Innaritu pourrait faire avec un scénario comme Unforgiven, par exemple. Je viens d'avoir un flash, drette là. Innaritu qui fait un western moderne, orienté tiers-monde. Génial! Je m'y met à l'instant.

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