vendredi 16 février 2007

Du n'importe quoi en canne

L'auteur de ce site semble réellement croire qu'il est un dragon. Et comme ci ce n'était pas assez, il mélange tout ça avec un born again christian.


Il signe ainsi:
Molatar Seth Pyrargent.
Dragon, Evangelist, Ranger.

Et je pensais que mon vois
in était bizarre.

"The Theory of Evolution is simply that. A theory. It has been proven to be an incorrect theory and should be thrown out"

Et l'explication est aussi facile à suivre que des instructions ikea traduite 3 fois à l'envers dans son bain dans l'espace avec le doigt d'un chihuahua aveugle dans l'oeil droit une bambou dans l'autre. Oui oui.

Expliquez-moi comment on fait pour devenir sauté de la sorte?

"Consider the Earth's magnetic field. Dr. Thomas Barnes has said that the magnetic field of the earth 10000 years ago was as powerful as a magnetic star's. Since the Earth cannot conceivably have a magnetic field stronger than a stars (or even Jupiter's!), that puts an ultimate limit of 10000 years on the Earth's age."

Ah ça y est! Il vient de tout jeter l'édifice chambranlant de la science moderne par terre d'un seul coup d'aile de dragon. Bravo. On se croyait brillants, hein?

Ok ça va faire.

à bientôt,
Morma Torvald Glundttttttpouite
Ramoneur, Seigneur Orc et Pompiste grade 1.

mercredi 14 février 2007

Une théorie crackpot en cette journée de l'amour

Alors que tout le monde est occupé à parler de l'amour sous toutes ses formes et que les Gens En Couple (TM) se disent qu'ils s'aiment parce que tout le monde autour leur dit que c'est aujourd'hui que ça se passe, je vais vous parler de l'autre émotion, l'envers de la médaille, la jalousie.

D'ailleurs, à quand une fête de la jalousie? La St-Youèssequetétaishiersoir?

Je vais même tenter de relier ça aux accomodements raisonnables. Incroyable, mais vrai.

La jalousie, est selon moi, étroitement liée au sentiment de possession. Je ne vous apprends rien, mais ça peut faire réaliser des choses de réflexer un peu là-dessus. Ce que je veux dire, c'est que personne ne naît jaloux, personne est jaloux "d'avance". C'est toujours par rapport à un objet, une chose ou plus souvent une personne qu'on considère à différents niveaux comme sien, et la jalousie est simplement la réaction (normale) du "possesseur" face à un changement de statut de son objet.

Aussitôt que le germe est semé dans son esprit, le possesseur voit la trahison de sa possession partout, dans tous les détails. Ça peut mener loin, à l'obsession et même au délire... La situation acquiert un moment donné sa propre logique, et on s'éloigne de la réalité progressivement, ce qui peut donner lieu à des confrontations spectaculaires.

Bon. Assez de psychologie à 5 cennes. Faisons maintenant de la sociologie à 7 cennes.

Une chose me frappe lorsque le sujet des accomodoments raisonnables se pointe le bout du kirpan dans une conversation. D'abord, il est évident que ce concept est, pour la plupart des gens, beaucoup plus qu'un concept juridique. C'est émotionnel. La plupart des gens sont sur la défensive, deviennent même aggressifs. Pourquoi? C'est ça, la jalousie.

Se pourrait-il que les "de souche" soient jaloux? Pour la grande majorité des gens, nous vivons dans une société qui ne nous en donne pas beaucoup. Tout est compliqué, difficile (et parfois impossible) à obtenir, à matérialiser. Le moindre petit changement, la moindre satisfaction demande un grand effort et rencontre à tout coup moult obstacles.

Lorsqu'on voit des individus, différents de nous (envers lesquels nous avons donc une réserve culturelle d'avance, c'est malheureux, mais c'est comme ça, l'acceptation de l'autre demande un effort, depuis toujours), demandant ce qu'on interprète comme un privilège, comme un traitement spécial, unique, se pourrait-il que nous soyons "Tout simplement jaloux" comme dans la toune?

C'est peut-être grossier et superficiel comme réflexion. Mais je crois que si chaque personne se questionne sincèrement avec ces éléments en tête, on pourrait peut-être avancer un peu, et arrêter de s'enliser dans des débats de clochers stériles. L'immigration massive est une réalité. La majorité culturelle francophone aussi. Mais l'autre réalité, plus importante, est que nous devons cohabiter, co-exister dans un état de droit, c'est comme ça, on ne peut rien y changer.

Je sonne presque comme un politicien.

mardi 13 février 2007

Délire nocturne, part deux

Une jeune femme marche dans un parc par une journée ensoleillée et libidineuse. Quelques pas langoureux, puis elle s'installe avec insistance au milieu d'un banc de parc, occupée à être extrêmement belle et désirable. Mêmes les sempiternels moineaux nourris par un vieillard cessent de picosser et tournent un instant la tête, sidérés par la beauté de la jeune fille (Dans ce cas-ci, pour votre information personnelle, le vieillard en question est un ancien scénariste qui a décidé que ses gourmands amis ailés avaient plus de civisme qu'une horde de producteurs affamés). Le veillard ne détourne pas le regard cependant, absorbé dans ses pensées, qui ne sont pas du tout le sujet de ce texte.

Un jeune homme maigrelet, petit, arborrant lunettes et clé USB au cou, fige à la droite du banc de parc en voyant l'apparition féminine se délectant des rayons solaires de façon honteusement suggestive.

Au même moment, un énorme gaillard à la charpente imposante et confiante, dont on jurerais qu'il vient de sortir d'un magazine branché, à tout le moins d'une séance de photo au coin de la rue, fige à gauche du fameux banc, objet de tous les regard, plumés et autres.

Nos deux énergumènes s'approchent du banc pour y prendre place. Le gaillard est confiant et fier comme un paon particulièrement fier, et il dépose son postérieur élevé au lait 1% et au pain blé entier (je ne dirai pas "brun", quand même) à la gauche de l'angélique midinette.

Le gringalet est hésitant, et il semble même bagayer en marchant, si cela est possible. En posant son derrière osseux sur le banc de bois vert forêt, il prend bien soin d'échapper ses livres sur le pied droit de la jeune fille.

Gringalet : Oh! Scusez.

Fille: Ow!

Gaillard (discrètement, en se tournant la tête): Burp!

Gingralet: Vraiment, je suis vraiment, désolé, je n'ai pas, mes livres ont, c'est à cause de la, soleil, du soleil, j'ai tombé en m'assisant. M'assoiyèiant.

La fille le regarde un moment, presque amusée. Ils ont presque un "moment". Incroyable, non?

Gaillard: Scuse moé, ma belle, mais salut, je m'appelle Todd.

Fille : Ah. Moi c'est Eugénie Collagène (note de l'auteur fatigué: pour ceux qui me connaissent personnellement, vous reconnaissez sûrement ce nom, je sais, c'est de l'auto-plagiat, mais c'est permis par la Convention de St-Tite)

Todd: (avec un clin d'oeil plein de fautes d'orthographe): Selleu.

Gringalet: (s'avançant pour serrer la main de Todd): Enchanté, moi c'est Kephen Sting. Je sais, c'est bizarre. Mais... je suis (en regardant la fille dans les yeux)... spécial. Il sourit comme Windows qui plante.

Todd: Bon ben Eugénie, si ca te tente genre, moi pi des chums de l'agence genre, on va aller genre, prendre un verre là après tantôt, genre, si ca te tente ben genre ca serait genre cool que tu viennes, tsé.

Kephen: Genre. T'as oublié. Tu sais Eugénie, j'ai un quotient intellectuel de 140, en canadien en plus (Il rit, satisfait de son gag, un peu pédant, il faut bien l'avouer).

Todd: Oui ben tsé, moi genre je bench deux fois ton quotient, genre.

Kephen: C'est drôle, que tu dises "bench" parce que on est. Ha ha, on est assis sur un banc en ce moment! Ha ha! (Il est décidément en forme)

Todd: Ok. (s'adressant à Eugénie). Tu sais que t'es belle en crisse, toé hen, tu le sais hen! (Il sourit de toutes ses dents, et il doit même les retenir pour ne pas qu'elles assaillent les yeux de son interlocutrice)

Eugénie: Je suis pas si belle que ça.

**note de l'auteur: je ne sais pas du tout où ça s'en va tout ça, mais on va finir ça bientôt, parce que mes yeux ferment tout seuls!**

Kephen: Voyons! Tu es de loin la plus belle chose que j'aie vue aujourd'hui. Pas chose, je veux dire, personne. Tu n'es pas une chose! Tu n'es pas tannée de te faire traiter comme une chose?

Eugénie: Je...

Todd: Ok, alors tu viens genre Eugénie? Comme là là, les chums attendent. Minute je vais les appeler sur mon cell. Yo fuck, yé ou mon cell shit, ok yé là.. Chill...

Eugénie (s'adressant à Kephen): Écoutes, tu as l'air bien fin et drôle, mais...

Kephen: Moi, j'en ai pas de cellulaire! Mais j'ai une clé USB, tu la vois? Je la traîne partout! Et tu sais pourquoi? Parce que je m'assume! Je n'essaie pas d'être quelqu'un d'autre! Je le sais que je suis pas cool! Tu trouves pas ça bien, toi?

Eugénie: Euh oui, mais..

Todd: Ok, viens-t'en ma belle.

Todd se lève, insistant. Son ombre cache le visage de Kephen d'une manière extrêmement dramatique et appuyée, on croirait même qu'il l'a fait exprès, ou que c'est arrangé avec le gars des vues, comme ils disent.

Eugénie se lève. Elle prend Bras par le Todd.

Eugénie: Tu as l'air ben fin, mais lui, il s'entraîne. Alors. Bye!

Ils s'éloignent d'une démarche cool et branchée.

Vieillard avec les oiseaux du début: J'ai tout vu! Tu veux que j'appelle la police?

Kephen: La police? T'es fou, genre. Genre, t'es vraiment comme, le gars fou dans un parc qui dit ça, c'est vraiment comme, fou.

Vieillard: My... GOD!

Puis il retourne à ses camarades plumés.

Kephen soupire, se lève et s'en va, probablement ailleurs.

FIN

**Ok, bonne nuit! zzzzZZZZZZZZZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzz**

vendredi 9 février 2007

Kubrickube

Un petit peu de Youtubisme inutile, Michel Gondry, réalisateur de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Human Nature, Science of Sleep et d'innombrables vidéoclips, s'est filmé entrain de résoudre un Cube Rubik avec ses orteils.

Lien Youtube #1

J'en étais bouchée bée. Que d'admiration pour cet homme qui a autant de temps à perdre. Allez-y, regardez-le.

Bon. Mais là, d'autres gens qui ont encore plus de temps à perdre ont analysé l'extrait vidéo, et ont déterminé qu'il y avait anguille sous roche et mollusque sous le gravier:

Lien Youtube #2

Évidemment! Il fallait y penser!

(Don't) Panic

Ok, je panique, c'est officiel.

Saviez-vous que l'apogée de la fertilité chez la femme est autour de 24 ans? Chez l'homme, 29 ans? Membres de la mi-fin-vingtaine qui traînent comme moi, tenez-vous le pour dit! Nous ne faisons pas notre part pour la perpétuation de l'espèce!

Je suis à la veille d'arrêter la première langoureuse inconnue croisée dans la rue et lui demander si elle veut bien m'accorder un accommodement raisonnable, pour m'aider à repopuler la planète. Ces pauvres humains en ont bien besoin!

Permettez-moi maintenant d'adopter le ton docte (et chiant) d'un ex-presque-anthropologue. Cette différence dans l'apogée de la fertilité entre les sexes n'est certainement pas un hasard ou le résultat d'une décision à l'emporte-pièce de Raël et ses potes extra-terrestres (petite parenthèse Wikipédienne, Raël a déjà produit un album qui s'intitulait Madam' Pipi...). Cette variation dans l'âge maximal de fertilité dans les deux sexes, si elle est véritablement confirmée par les chiffres, traduit probablement une tendance biologique... Attention, ce mot fait peur...

Donc, on peut poser comme hypothèse que dans l'histoire biologique de l'humain, les femmes ont eu tendance à procréer plus jeunes que les hommes, ce qui a eu pour effet d'influencer le taux de fertilité. C'est assez facile à comprendre; plus les individus d'un certains âges procréent, plus les individus de cette tranche d'âge ayant le plus de fertilité procréent, donc refilent leur quincaillerie génétique à leurs descendants, qui sont à leur tours plus fertiles, etc.

Cependant par exemple, j'ai un problème avec tout ça: mes parents.

Ma mère a 3 ans et demi de plus que mon père. Toute mon enfance s'éclaire tout d'un coup! Mes parents n'ont pas suivi la norme ancestrale! Ils sont des anomalies biologiques!

Quelques hypothèses:

1. Mes parents sont des extra-terrestres, ce qui expliquerait d'ailleurs les pique-niques annuels à Roswell et les costumes bizarres que j'ai un jour dénichés dans le garde-robe.

2. Mes parents ont eu une double opération de changement de sexe. Ils se sont aperçus que ma mère (mon père) était plus grand(e) de huit pouces que mon père (mère), ce qui ne passe bien dans les soirées mondaines.

3. Mon père a menti sur son année de naissance et son identité, il est en fait le Pierre Leroux du dictionnaire, théoricien socialiste né en 1797.

4. Je n'existe pas et je vis dans une simuation qui a mal tourné sur le blackberry de Bill Gates (Parce que Windows a planté, haha!)

5. Tout ceci est de la foutaise.

Je retiens bachelorette no 5, pour une simple raison; ces chiffres ne veulent rien dire. En effet, pour avoir une quelconque valeur statistique, ils doivent être calculés à partir d'échantillons suffisants, et la seule façon de calculer le taux de fertilité de 3000 personnes, c'est de faire la moyenne d'enfants par individu. Ce qui revient à dire, plus vous avez d'enfants, plus vous êtes fertiles? Je ne crois pas, monsieur. Quantité d'éléments culturels entrent dans la décision d'avoir des enfants (et x nombre d'enfants) éléments qui, de surcroît, varient beaucoup d'un pays à l'autre. Les classiques: situation économique, éducation, quelconque forme de précarité, pression du milieu, etc.

Donc, n'ayez crainte, retardataires de l'ovule et du fringants spermatozoïde, les alarmistes peuvent aller se rhabiller.

jeudi 8 février 2007

Délire nocturne, part 1

Dans un bar sombre aux recoins inquiétants, un homme est assis, tentant de lire l'avenir dans le fond de son verre de scotch vide. Une silhouette se dessine dans la lumière du téléviseur accroché en haut de la tête dégarnie du barman blasé.

Homme assis: Tu me caches.

Homme debout: T'avais pourtant pas l'air de regarder autre chose que le fond de ton verre.

L'homme debout s'invite à la table de l'homme assis.

Homme assis 1: Oui ça va, tu peux t'asseoir à ma table sans me le demander.

Homme assis 2: Tu penses pas que tu devrais être ailleurs?

Homme assis 1: Dans un autre bar ou je pourrais écouter le match tranquille, oui.

Homme assis 2: Arrête de jouer les cyniques qui ont tout vu. Tu me fais rire avec ton scotch et ton air déprimé. Et regarde-le, celui-là (en pointant le barman), on en a vu combien des types du genre? Il lui manque juste la chemise trop serrée avec les espèces d'élastiques sur les manches dont j'ai jamais compris l'utilité. Est-ce que tu lui raconte tes problèmes, tes états d'âmes? Et est-ce qu'il t'écoute d'un air compréhensif en polissant ses verres avec un chiffon?

Homme assis 1: Ça me détend de venir ici, je sais pas, c'est comme le dernier coin de la planète où j'ai pas à penser.

Homme assis 2: C'est exactement ça que je veux dire. Des scènes comme ça, on en voit partout.

Homme assis 1: Peut-être. Mais tu crois que t'es mieux toi, avec ton allure de faux beatnik gringalet mal rasé? Tu as l'air d'une caricature d'intello New-Yorkais dans un film de Woody Allen. Et... qu'est-ce que je vois... tu portes mêmes des corduroy? Bruns? Non mais. Et tu me fais la leçon.

Barman: Si vous pensez que j'ai choisi d'être ici, vous vous trompez. Polir des verres et écouter des perdants me débiter leurs déboires conjugaux, c'est pas pour ça que j'ai voulu être barman, croyez-moi.

Homme assis 2: On t'a rien demandé toi.

Barman: Pourquoi vous m'écouteriez pas un peu, pour faire changement?

Les deux hommes assis se regardent, ne sachant trop quoi répondre.

Barman: Tout ce que je voulais, c'est me faire des filles facilement. Mais bon. Le barman est jamais celui qui ramasse à la fin de la soirée, ça aussi c'est un cliché, mais je peux vous assurer que c'est vrai.

Homme assis 1: Tu m'a jamais parlé de ça Herbert.

Homme assis 2: Et en plus il s'appelle Herbert!

Barman: Oh et pi merde.

Le barman dégarni lance son chiffon au sol et quitte le bar.

Les deux hommes assis se regardent, médusés.

Homme assis 1: Voilà qui n'était pas prévu, John.

Homme assis 2: En effet, Paul. Une tournée?

Homme assis 1: Avec plaisir.

Les deux hommes se mettent à vider le bar de son contenu alcoolisé.

Homme saoûl 1: Tu sais qu'on est entrain de faire quelque chose de très cliché en ce moment?

Homme saoûl 2: Hmmoui. Tu sais aussi que je n'existe pas vraiment depuis le début, comme dans Fight Club, et que je représente seulement ta conscience et ton côté intello?

Homme saoûl: Oui. Je suis pas fou. Mais le scotch est bon en cri

mercredi 7 février 2007

Parlons un peu des vraies affaires

Notre capacité à comprendre et décoder un langage évolue beaucoup à travers le temps. Vous n'avez qu'à regarder une publicité des années 50 pour vous en convaincre. La surexposition à une forme précise de langage rend les récepteurs plus sophistiqués, plus demandants face à la complexité et à la densité du message. Rien de nouveau, vous me direz. J'ai quand même le goût d'en parler, alors voilà.

La publicité télévisuelle offre l'exemple parfait, parce qu'elle est très proche de son message, l'intention de ce dernier est en fait son unique raison d'être. Du coup, la plupart des gens supportent mal un message publicitaire trop évident, convenu, ou surtout, un message publicitaire qui se prend trop au sérieux, qui fait, en quelque sorte, comme s'il était autre chose que de la pub. Il y a bien sûr des exceptions, mais en général, les campagnes qui fonctionnent le plus, les plus mémorables et efficaces, sont selon moi celles qui jouent avec le langage, qui font des clin d'oeil aux téléspectateurs, dans le genre "nous savons que vous êtes bombardés de publicité de tous les angles, alors nous allons essayer de vous proposer quelque chose de nouveau, surprenant et qui ne vous prend pas pour des machines à consommer". Famili-Prix, Monsieur B., St-Hubert sont des exemples retentissants et "bien de chez nous"(TM).

L'évolution dont je parle se fait également sentir en "dramaturgie" (mot que j'utilise pour désigner toute forme de récit non-littéraire), surtout au cinéma. Récemment, j'ai visionné le film "Silent Running", science-fiction écologiste de Douglas Trumbull (oui, le gars de 2001) fabriqué dans l'an de grâce 1972. Ce qu'on appelle aujourd'hui la subtilité, le goût, la restrainte dans le traitement d'un "sujet" ou d'un thème (ici la conscience écologique et la destruction des forêts) sont totalement absents du film. Du coup, le message ne passe pas en 2006. Pas pour un enfant de la surmédiatisation, surinformation et de surproblématisation (ok, on se calme Dr. Scrabble). Je veux dire par ce dernier mot affreux l'inondation de "causes", problèmes de conscience omniprésents dans le paysage médiatique depuis 30 ans. En 1972, dénoncer quelque chose de "socio-écologique" avec un film était nouveau, audacieux et faisait "jeune". Aujourd'hui, il faut tout faire avec tact, subtilité, sans perdre une once du contenu du message. Inutile de dire que ce n'est pas facile.

Million Dollar Baby, par exemple, parle assez éloquemment du même thème que A Sea Inside (courez louer ça immédiatement si vous ne l'avez pas vu). Les deux réussissent admirablement, mais l'approche plus machiavélique de Million dollar baby passe un peu moins bien à mon avis, on sent plus la main de l'auteur ayant quelque chose à dire derrière. Et notre génération, pluguée sur les médias directement à la sortie de l'utérus, a des réticences face à ce genre de traitement.

Notez que Clint Eastwood excelle normalement avec ce genre de récit. Un de mes films préférés de tous les temps est Unforgiven, qui a justement un message très fort contre la violence et soulignant le fait que ce n'est pas les armes qui la font, mais bien les hommes (et femmes) qui sont derrière.

La clé, selon votre humble et débutant serviteur, la réponse donc se trouve dans la rigueur dramatique. Si, dans Million Dollar Baby, nous avons de la difficulté devant la méchanceté extrême de la boxeuse assassine (l'adversaire), c'est parce que cest un Deus ex machina, une intervention gratuite, un événement non-annoncé qui ne sert qu'à l'avancement du récit, à prouver un point. Dans Unforgiven cependant, il est préparé pendant tout le film que le shériff joué par Gene Hackman est sanguinaire, violent et sans pitié pour les criminels. Le traitement qu'il réserve au personnage de Morgan Freeman n'est donc pas gratuit, ni très surprenant. La réaction du personnage d'Eastwood n'est également pas gratuite, on la prépare depuis le début du film. Eastwood est un tueur, profondément et naturellement violent. Une vie de violence ne s'efface pas en quelques années. Il suffit d'un seul événement pour faire ressurgir la brute sanguinaire sommeillant en lui. Pas de Deux Ex Machina ici.

mardi 6 février 2007

Jus créatif et les Tuiles de ma douche

Il y a des jours comme ça où je vois des histoires partout.

Il y a des jours comme ça où je ne dors presque pas.

Des jours où je vois une histoire dans les craques de silicone séparant les tuiles carrées de ma douche.

La douche est l'endroit au monde où j'ai le plus d'inspiration, où les idées semblent affluer à la même vitesse que les gouttes d'eau s'échappent de la pomme cheap en plastique. Je me suis souvent demandé pourquoi. Comme en ce moment, alors que je viens justement d'en sortir, je me demande pourquoi. L'eau chaude a sûrement quelque chose à voir là-dedans. Je ne pense pas que je serais très à l'aise pour clarifier les méandres d'une histoire avec de l'eau frette qui me gèle les... lobes d'oreilles.

Allons-y à fond la caisse en mode freudien, tiens. Peut-être est-ce que certaines parties reculées de mon cerveau, le même département qui s'occupe des obsessions et des phobies, y voient un rapprochement avec le calme pré-natal. Quand j'étais jeune, je me souviens que je dormais la tête complètement sous la couverture, comme si je voulais échapper au monde réel. Peut-être que lorsque certaines de ces parties s'activent, se sentent bien, relaxent, peut-être que d'autres départements, travaillant ordinairement en silence dans un coin, sans faire de bruit, peut-être que ces autres parties s'énervent et se mettre à faire du bruit. Peut-être.

Toujours est-t-il que la douche, et l'instant juste avant le réveil complet (et juste avant le sommeil complet aussi), sont des moments privilégiés, fuyants. Trop New Age à votre goût? Euh, ben je sais pas pourquoi vous dites "New Age" en fait, ça n'a pas vraiment rapport, vous vous embarassez, j'ai bien peur.

Des moments privilégiés, donc. Surtout l'entrée et la sortie du sommeil. Des instants fugitifs ou les dernières parcelles de la conscience s'effritent, où les millions de barrières qu'on passe notre vie éveillée à mettre en place disparaissent d'un coup. Souvent, si on y prête attention, si on se force, je crois qu'on peut y trouver une grande quantité de vérités qu'on passe souvent notre temps à chercher partout, les yeux ouverts, alors qu'il faut seulement les fermer.

Pardonnez cet élan lyrique et sombre,

Je n'ai pas dormi de la nuit.

lundi 5 février 2007

Ass + Chair

C'est l'équation fondamentale de la réussite. C'est malheureux pour un énervé plein d'énergie comme moi, mais c'est la clé. Surtout en écriture. À moins d'écrire debout comme Jacques Poulin, ou debout en marchant comme.. euh... l'autre.. gars là...

Oubliez ça. Cette merveilleuse perle de sagesse vient d'une fascinante conférence sur la scénarisation enregistrée lors du festival de film de Santa Barbara (le lien est dans le titre de cette entrée pour les 2 personnes que ça intéresse dont une est moi déguisé). C'est aussi simple que ça. Il faut seulement s'asseoir et aligner les mots.

Moi, j'ai plutôt tendance à vouloir tout comprendre, tout réfléchir AVANT de commençer à écrire. Cette tactique est vouée à l'échec, je le sais très bien. Mais allez dire ça à l'autre partie de moi qui veut rien savoir des conseils de professionnels aguerris et rémunérés (et barbus pour la plupart)!

Donc, pas plus tard que hier, un brin découragé par la réaction tout sauf dithyrambique d'un prof de scénarisation face à une vague idée d'histoire qui me trotte dans la tête depuis un mois (et sur laquelle je n'avais pas écrit plus d'une page, si je l'avais fait, je me serais rendu compte assez vite que ça ne tenait pas la route), j'ai cherché un flash en parcourant des faits divers, des articles d'insolite, des légendes urbaines. Rien de nouveau sous le soleil. Comme d'habitude, lorsqu'un flash se fut présenté à moi, je me suis levé et je me suis mis à faire furieusement le tour de mon 3 et demi, les images et les idées s'empilant dans ma tête à une vitesse qui me surprend à chaque fois. Habituellement, à cette étape, je me met à rêver, à imaginer le résultat final, les accolades, les récompenses, les critiques, etc.

Horriblement narcissique et prétentieux, non? Mais je défie toute personne tentant de travailler dans l'expression artistique de nier que ces pensées sont omniprésentes lorsqu'on croit avoir trouvé une bonne idée. Relevez le défi, comme disait Gilles Payer (lui il riait mal).

Bon je m'égare. Pour une fois donc, je me suis immédiatement jeté sur ma chaise de cuir pivotante, et j'ai mis Microshaft Worm en marche. Et je me suis mis à taper. N'importe quoi, ce qui sortait, même si c'était pas bon. AH! HA! AH! VOILÀ! C'est ÇA qui me cause toujours un énorme problème et qui m'envoie régulièrement sur le chemin bouetteux, inhospitalier et généralement sans issue de la procrastination. LA PEUR DE LA MÉDIOCRITÉ.

Mais tous ces scénaristes de la conférence l'ont répété. C'est seulement en écrivant que ça devient bon. Pas en essayant de tout régler d'avance dans sa tête. Simple, clair, mais oh combien difficile pour certaines personnes. Dont yours truly, évidemment.

Donc j'ai écrit, environ 5 pages. Rien pour ébranler les fondations de la littérature moderne, mais assez pour tout clarifier, pour mieux cerner ce que je voulais dire, qui sont les personnages, ce qu'ils veulent, pourquoi, etc. La moitié de ces 5 pages est très probablement l'équivalent d'excréments de chameaux en canne. Mais je dois l'accepter, et toryeu que ça m'a pris du temps. Et ce n'est pas totalement fait encore, mais je suis sur la bonne voie, doc.

Ensuite, les scénaristes-conférenciers ont insisté sur l'autre partie extrêmement difficile, le dernier 5-10%, ce qui fait que le scénario va jusqu'au bout de ses promesses, se démarque et exploite à fond toutes les accroches thématiques et dramatiques qu'il a lancé. Ok, on verra rendu là.

Merci, et bonsoir!

The return of the JP

HAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!

Après plusieurs semaines de labeur intense, j'ai finalement réussi à récupérer mon mot de passe. Oui, je l'avoue, à ma grande honte de semi-nerd, j'avais perdu la capacité d'accéder au site d'édition de mon blogue. Pathétique, triste et décourageant, je sais.

Vous ne vous imaginez pas l'angoisse qui me traversait quand j'accédais à la page de mon blogue et que je voyais que le dernier article posté, ce qui aurait fait ma postérité à travers les âges, les dernières traces en ligne de ma plume incandescente était... une blague douteuse sur l'élection de Stéphane Dion à la chefferie du Parti Libéral.

Inutile de dire que mon premier geste lorsque je repris contrôle de mon cyber-royaume fut d'effacer cette triste pièce de prose de goût moyen.

Alors, voilà, je viens de me rendre compte que c'est la première entrée autobiographique que je fais. Les temps changent.

Mais les écrits restent?

On va voir.