jeudi 8 février 2007

Délire nocturne, part 1

Dans un bar sombre aux recoins inquiétants, un homme est assis, tentant de lire l'avenir dans le fond de son verre de scotch vide. Une silhouette se dessine dans la lumière du téléviseur accroché en haut de la tête dégarnie du barman blasé.

Homme assis: Tu me caches.

Homme debout: T'avais pourtant pas l'air de regarder autre chose que le fond de ton verre.

L'homme debout s'invite à la table de l'homme assis.

Homme assis 1: Oui ça va, tu peux t'asseoir à ma table sans me le demander.

Homme assis 2: Tu penses pas que tu devrais être ailleurs?

Homme assis 1: Dans un autre bar ou je pourrais écouter le match tranquille, oui.

Homme assis 2: Arrête de jouer les cyniques qui ont tout vu. Tu me fais rire avec ton scotch et ton air déprimé. Et regarde-le, celui-là (en pointant le barman), on en a vu combien des types du genre? Il lui manque juste la chemise trop serrée avec les espèces d'élastiques sur les manches dont j'ai jamais compris l'utilité. Est-ce que tu lui raconte tes problèmes, tes états d'âmes? Et est-ce qu'il t'écoute d'un air compréhensif en polissant ses verres avec un chiffon?

Homme assis 1: Ça me détend de venir ici, je sais pas, c'est comme le dernier coin de la planète où j'ai pas à penser.

Homme assis 2: C'est exactement ça que je veux dire. Des scènes comme ça, on en voit partout.

Homme assis 1: Peut-être. Mais tu crois que t'es mieux toi, avec ton allure de faux beatnik gringalet mal rasé? Tu as l'air d'une caricature d'intello New-Yorkais dans un film de Woody Allen. Et... qu'est-ce que je vois... tu portes mêmes des corduroy? Bruns? Non mais. Et tu me fais la leçon.

Barman: Si vous pensez que j'ai choisi d'être ici, vous vous trompez. Polir des verres et écouter des perdants me débiter leurs déboires conjugaux, c'est pas pour ça que j'ai voulu être barman, croyez-moi.

Homme assis 2: On t'a rien demandé toi.

Barman: Pourquoi vous m'écouteriez pas un peu, pour faire changement?

Les deux hommes assis se regardent, ne sachant trop quoi répondre.

Barman: Tout ce que je voulais, c'est me faire des filles facilement. Mais bon. Le barman est jamais celui qui ramasse à la fin de la soirée, ça aussi c'est un cliché, mais je peux vous assurer que c'est vrai.

Homme assis 1: Tu m'a jamais parlé de ça Herbert.

Homme assis 2: Et en plus il s'appelle Herbert!

Barman: Oh et pi merde.

Le barman dégarni lance son chiffon au sol et quitte le bar.

Les deux hommes assis se regardent, médusés.

Homme assis 1: Voilà qui n'était pas prévu, John.

Homme assis 2: En effet, Paul. Une tournée?

Homme assis 1: Avec plaisir.

Les deux hommes se mettent à vider le bar de son contenu alcoolisé.

Homme saoûl 1: Tu sais qu'on est entrain de faire quelque chose de très cliché en ce moment?

Homme saoûl 2: Hmmoui. Tu sais aussi que je n'existe pas vraiment depuis le début, comme dans Fight Club, et que je représente seulement ta conscience et ton côté intello?

Homme saoûl: Oui. Je suis pas fou. Mais le scotch est bon en cri

1 commentaire:

Anonyme a dit...

T'es fucké man, je t'aime comme ça.