mercredi 18 avril 2007

Le tueur de Virginia Tech a écrit deux courtes pièces, disponibles en ligne

Alors que tout le monde tente de rassembler les pièces du puzzle de Virginia Tech, je suis tombé sur une information intriguante en parcourant le web. Le tueur, Cho Seung-Hui, étudiant au département d'Anglais (l'équivalent de littérature ici), a laissé des traces dans ses cours d'écriture dramatique. En effet, selon un blogueur à l'empoi d'AOL, les élèves d'un cours auquel était également inscrit le tueur devaient poster leurs textes en-ligne pour un "peer-review". Le blogueur a donc posté les deux courtes pièces d'un acte écrite par Cho Seung-Hui sur son blogue (le lien est dans le titre et au bas de cette page).

Après les avoir lues deux fois chacune, quelques observations s'imposent. D'abord, on détecte clairement un esprit violent, colérique. Les deux personnages "centraux" des deux pièces sont à fleur de peau, et l'auteur y met en scène un "pétage de coche" classique, dangeureusement annonciateur des événements d'avant-hier (avec le recul, évidemment. Pas tous les auteurs de textes violents sont des tueurs en puissance). Cependant, cette violence n'est ni sociale, ni ouverte. Dans la première pièce, "Richard McBeef", un jeune homme confronte son père adoptif à coup d'invectives vulgaires, et finit par l'attaquer avec une barre de chocolat à moitié consommée. Pas d'armes, pas de plans, seulement une colère contenue, refoulée, dirigée vers une personne agissant avec une grand injustice (aux yeux du protagoniste). Cette colère explose lors d'une carthasis violente. La violence vient du quotidien, et elle s'exprime d'une façon beaucoup plus émotionnelle et psychologique qu'un simple carnage.

Dans le second texte, "Mr. Brownstone", il n'y a pas à proprement parler d'explosion de violence, mais les deux jeunes protagonistes sont clairement martyrisés par une autre figure d'autorité masculine, cette fois-ci un professeur de maths portant comme nom le ci-haut mentionné "Mr. Brownstone". En se rendant au casino, les deux jeunes personnages de la courte pièce cherchent à échapper à l'attention constante et apparemment obsessive d'un professeur qui semble les suivre jusque dans leur refuge derrière un conteneur (!). Un des deux jeunes mineurs remporte un lot aux machines à sous, seulement pour voir Mr. Brownstone, surgi de nulle part, s'en accaparer avec la bénédiction des autorités du Casino, qui éjectent promptement les deux adolescents stupéfaits.

Quelques constantes: la victimisation, l'injustice flagrante d'une autorité illégitime et la vulgarité omniprésente (surtout dans la langue utilisée, avec plusieurs références à l'insertion d'objets divers dans l'arrière-train).

Des témoignages d'étudiants l'ayant cotoyé font état d'une haine quelquefois exprimée du tueur envers les "rich kids", la "debauchery" et les "deceitful charlatans". Mettez tout ceci dans le blender, avec quelques ingrédients sociaux comme l'accès aux armes, l'anonymat, le rejet et certainement un solide déséquilibre mental, et vous obtenez les événements tragiques de lundi.

Pensées sombres pour une sombre journée.

Sources:
RDI
CNN
http://newsbloggers.aol.com/2007/04/17/cho-seung-huis-plays/

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