mercredi 4 avril 2007

nuit blanche en vrac

Tout ceux qui me connaissent plus ou moins savent que je suis insomniaque.

À huit ans, je dormais 4 heures par nuit, incapable que j'étais de trouver la switch "off" de mon cerveau, qui bourdonnait sans cesse, comme un toaster sur les stéroïdes ou une Lada qui a fait de l'overtime à "Pimp mon char". En voulez-vous des références, en vlà.

J'ai toujours été fasciné par deux choses. Les commencements, et les promesses de nuits blanches. Il n'y a rien qui m'allume autant que la perspective de passer la nuit debout, sans perdre un moment de ce qui arrive, sans rien manquer, avec toutes les possibilités et les labyrinthes infinis de chemins à prendre que ça implique. Les commencements, les débuts, avec, encore les promesses, l'idée que tout est à faire, mais également que tout est possible.

J'ai aucune idée de ce que ça dit sur ma personalité, à part qu'il est présentement 5h57 du matin, et que je devrait être couché. Mais. À 4h30, j'ai regardé l'heure et je me suis dit : on va au moins attendre le journal, il arrive seulement dans 1 heure. Donc voilà, la journal est à côté de moi, pas trop mouillé (il pleut, mais le vaillant camelot n'a pas oublié la capote à journal) avec Jaroslav Halak qui fait la split en gros à la une.

6h00. Dodo?

On va voir.

Il m'est arrivé quelque chose de particulier cette nuit, alors que j'écoutais des épisodes de Seinfeld. 2h00. Entre deux répliques caustiques de Jerry et une pitrerie loufoque de Kramer, on sonne à la porte. Oui, on SONNE à deux heures du matin. Sans trop me soucier des dangereux malfrats rodant dans Villeray la nuit, je me dirige vers la porte, en t-shirt et pantalons de pyjama rentrés dans les bas (je sais, mais je les porte de même, je peux rien y faire). J'ouvre la porte. J'aperçois une petite silhouette, cheveux longs. Une femme, ni jeune ni vieille. Elle me baragouine quelque chose, dans un dialecte du style alcoolique saoûl fini, un peu comme si Roy Dupuis s'était fait électrocuté la langue et parlait avec une voix de femme. Mettons. Je finis par comprendre qu'elle me demande si Louiashfs Boualwwwba (c'est à peur près ce que j'ai saisi) reste à la porte d'à côté. Ne manquant jamais une occasion de faire mon comique, je réponds que ce n'est pas moi, alors ça doit être le voisin. Elle ne semble pas saisir, hausse les épaules et porte son attention sur la porte voisine. Perplexe, je referme la porte. Je l'entends sonner à côté. Je scrute avec mes tympans le silence noir et douillet du logement de mon voisin endormi (le mur a été insonorisé avec du cellophane choix du président, alors j'entends habituellement les mouvements intestinaux et les plus petits détails de son activité quotidienne), rien. Il a décidé de ne pas se risquer. Bon. Je regarde par la fenêtre, la femme se traîne les pieds sur le balcon, descend et sort de mon champ de vision.

Je réfléchis un peu. J'ai un flash. Ce n'était pas un obscure dialecte des balkans qu'elle me chantait, mais bien le français mâché et hésitant d'une sourde-muette. Ah. Voilà. Mais que voulait-elle à mon voisin? Et, d'ailleurs, était-ce le bon voisin?

Je ne le saurai jamais, pas plus que vous.

Mais bon. Faut bien trouver un moyen de remplir les nuits, aussi blanches et silencieuses soient-elles.

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